Dans l’Est de la RDC, où se déroule la guerre entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, l’accès à l’eau est encore plus critique. La destruction des infrastructures hydrauliques, le déplacement massif des populations et le contrôle des ressources par les groupes armés compliquent encore davantage la situation.
Le 22 mars, la communauté internationale a célébré la Journée mondiale de l’eau, un moment clé pour rappeler l’importance vitale de cette ressource. En République Démocratique du Congo (RDC), pays pourtant riche en ressources hydriques, la réalité est tout autre : près de 65 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. Ce chiffre, alarmant en soi, est encore aggravé par le conflit dans l’Est du pays, notamment la guerre opposant l’armée congolaise (FARDC) et les rebelles du M23.
Un pays riche en eau mais en crise hydrique
La RDC détient plus de 50 % des réserves d’eau douce d’Afrique. Pourtant, les infrastructures de distribution sont insuffisantes, et la gouvernance du secteur de l’eau reste défaillante. Un rapport de la Banque mondiale publié en juin 2024 indique que seulement 16 % de la population a accès à un assainissement de base, et près de 18 % pratiquent encore la défécation à l’air libre. Avec 0,23 % du budget national alloué au secteur Eau, Hygiène et Assainissement (EHA), le manque de financement est criant.
Cette situation a des conséquences dramatiques sur la santé publique. Le manque d’eau potable favorise la propagation des maladies hydriques, affectant en particulier les enfants et les femmes enceintes. Pourtant, le gouvernement congolais semble prioriser d’autres secteurs, comme la défense, dans un contexte sécuritaire très instable.
Le conflit du M23, un facteur aggravant
Dans l’Est de la RDC, où se déroule la guerre entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, l’accès à l’eau est encore plus critique. La destruction des infrastructures hydrauliques, le déplacement massif des populations et le contrôle des ressources par les groupes armés compliquent encore davantage la situation. À Goma et dans d’autres zones touchées par le conflit, des milliers de déplacés vivent dans des camps sans accès à l’eau potable, les exposant à des épidémies comme le choléra.
Le contrôle de l’eau devient aussi un enjeu stratégique dans ce conflit. Des sources d’eau sont souvent accaparées par les groupes armés, privant les populations locales d’un accès vital. Cette situation renforce la vulnérabilité des communautés déjà éprouvées par les violences.
Signalons que Alors que le pays vise l’Objectif de développement durable 6 (ODD 6), qui prévoit un accès universel à l’eau et à l’assainissement d’ici 2030, la RDC semble loin du compte. Pour inverser la tendance certains défis méritent d’être soulevés à savoir :
Réhabilitation des infrastructures détruites par la guerre.
Construire une paix durable dans l’Est afin de faire arriver les installations de la REGIDESO même des milieux lointains des villes urbaines.
Sécurisation des sources d’eau c’est-à-dire la gestion des ressources hydriques ( elles ne doivent pas être aux mains des groupes armés)
Favoriser des partenariats public-privé : Pour accélérer l’accès à l’eau potable, une collaboration avec des organisations internationales et des entreprises spécialisées est nécessaire.
Rappelons que la guerre ne se résume pas aux armes : elle se joue aussi sur le terrain des besoins fondamentaux. Sans accès à l’eau, la population est privée d’un droit essentiel à la vie, transformant une crise humanitaire en une urgence nationale, rapporte le coordonnateur de l’organisation Paixseulement
Mutabesha Banywesize Sardou-Michel
