Alors que des discussions sont en cours pour ramener la paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, l’organisation Human Rights Watch (HRW) insiste sur l’importance d’intégrer la justice dans le processus. Pour l’ONG, aucune paix durable ne pourra être atteinte dans la région des Grands Lacs sans rendre des comptes aux victimes des graves violations des droits humains commises ces dernières années. Dans une publication récente, HRW déplore que les efforts de médiation menés par les États-Unis ignorent un facteur central du conflit : l’impunité persistante dont bénéficient les auteurs d’atrocités dans l’est de la RDC. L’organisation rappelle que l’absence de sanctions nourrit la violence et perpétue les cycles de conflit.
Des accords sur la paix… et les minerais
Washington mise sur un accord global de paix, incluant un volet économique. Le conseiller spécial pour l’Afrique à la Maison Blanche, Massad Boulos, a indiqué que ce futur accord prévoirait aussi un partenariat sur les ressources minières. Objectif : permettre aux entreprises américaines et multinationales d’investir dans les mines et les infrastructures congolaises. Mais pour HRW, il est crucial de ne pas dissocier les enjeux économiques des enjeux sécuritaires et judiciaires. L’ONG souligne que la course aux ressources en RDC, notamment dans les zones minières de l’Est, alimente les violations des droits humains, la corruption et l’instabilité.
Qui répondra des crimes ?
Jusqu’ici, les négociations n’ont pas abordé la question centrale des responsabilités. HRW rappelle que les armées congolaise et rwandaise, ainsi que les groupes armés qu’elles ont soutenus, sont responsables de nombreuses exactions : massacres, violences sexuelles, pillages… Pourtant, aucun commanditaire n’a été jugé.
Kinshasa pointe Kigali du doigt
La tension reste vive entre les deux pays. Lors de la session de la Commission africaine des droits de l’homme, le 9 mai à Banjul (Gambie), le vice-ministre congolais de la Justice, Samuel Mbemba, a accusé le Rwanda et le M23 d’avoir violé la Déclaration de principes, en attaquant la localité de Lunyasenge, dans le territoire de Lubero, en pleine médiation américaine.
Néanmoins Human Rights Watch a réaffirmé la volonté de Kinshasa de rétablir la paix dans l’Est et de trouver une issue politique au conflit qui l’oppose à Kigali.
La rédaction