Le cobalt congolais, métal stratégique au cœur de la transition énergétique mondiale, ne quittera pas les frontières de la République démocratique du Congo pendant encore trois mois. Dans un communiqué officiel rendu public le samedi 21 juin 2025, le Conseil d’administration de l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS) a annoncé la prolongation de la suspension temporaire des exportations de cobalt, toutes filières confondues : industrielle, semi-industrielle, artisanale. Cette mesure, en vigueur depuis plusieurs mois déjà, est justifiée par le niveau toujours élevé des stocks sur le marché international. Une saturation qui affecte les prix et crée une volatilité défavorable aux intérêts économiques du pays, premier producteur mondial de cobalt. Mais au-delà des considérations économiques, cette décision s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’un contrôle accru des chaînes d’approvisionnement et d’un repositionnement stratégique de la RDC dans la géopolitique des ressources. Le cobalt, indispensable à la fabrication des batteries pour véhicules électriques, téléphones portables et systèmes de stockage d’énergie, est devenu une ressource ultra-convoitée, faisant l’objet de tensions internationales.
À l’Est du pays, le conflit armé persistant, notamment dans les territoires riches en minerais du Nord-Kivu et de l’Ituri, complique la régulation et favorise des circuits parallèles d’exploitation et de commercialisation. Des ONG et institutions internationales continuent de dénoncer la présence de « minerais de sang », extraits dans des conditions déshumanisantes, souvent au profit de groupes armés.Cette suspension prolongée peut donc aussi être interprétée comme une tentative de reprise en main de la traçabilité des minerais, et un signal fort envoyé aux acteurs internationaux quant à la volonté de la RDC de ne plus brader ses ressources dans le désordre.
Signalons que l’ARECOMS précise qu’une nouvelle décision interviendra à l’issue des trois mois : elle pourrait prolonger, modifier ou lever cette mesure. En attendant, les opérateurs du secteur sont appelés à s’aligner sur cette réglementation, censée servir à la fois la transparence, la souveraineté économique et la sécurisation d’un secteur vital pour l’avg. nir du pays.
Mutabesha Banywesize Sardou-Michel