« La RDC ne doit pas devenir une zone de sacrifice des compagnies pétrolières » Déclaration de Babawale Obayanju, stratège de campagne à Oil Change International

« La RDC ne doit pas devenir une zone de sacrifice des compagnies pétrolières » Déclaration de Babawale Obayanju, stratège de campagne à Oil Change International
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Alors que la République démocratique du Congo est en proie à des crises multiples, les grandes compagnies pétrolières poursuivent leur ruée vers l’exploitation des énergies fossiles. Pour Babawale Obayanju, stratège de campagne à Oil Change International, « ce qui se passe en RDC est une tragédie écologique et humaine organisée pour le profit à court terme ».

Un trésor écologique menacé

La RDC abrite l’un des écosystèmes les plus riches de la planète. Ses tourbières, situées dans la Cuvette Centrale, renferment environ 30 gigatonnes de carbone, soit deux années d’émissions mondiales. Pourtant, 52 nouveaux blocs pétroliers ont été ouverts à l’exploration.

« Cette zone vitale pour la stabilité climatique mondiale est aujourd’hui livrée aux multinationales, avec la bénédiction d’un gouvernement qui oublie son devoir envers son peuple », dénonce Babawale Obayanju.

La paix échangée contre le pétrole

Au lieu d’apporter la prospérité, l’exploitation pétrolière attise les conflits, détruit les forêts et déplace les populations. Le bassin de l’Albertine Graben, à la frontière avec l’Ouganda, est convoité pour ses ressources estimées à 2,5 milliards de barils. En Ouganda, TotalEnergies et CNOOC exploitent déjà les champs Tilenga et Kingfisher, connectés à l’oléoduc EACOP, qui pourrait également servir les blocs côté RDC.

« C’est une stratégie de pillage déguisée en développement. Les communautés locales perdent leurs terres, leur souveraineté, et n’en retirent que la misère et la pollution », insiste Obayanju.

Une injustice climatique criante

L’Afrique n’a émis que 2 % des gaz à effet de serre mondiaux, mais elle est la plus exposée à la crise climatique. En RDC, sécheresses, inondations, conflits armés et déplacements massifs se multiplient. Les provinces de l’Est – Nord-Kivu, Ituri, Sud-Kivu – sont particulièrement touchées. Plus de 7 millions de personnes sont déplacées, et 23,4 millions souffrent d’insécurité alimentaire.

« Il est immoral que les populations africaines paient le prix fort pour un système dont elles ne sont pas responsables. L’exploitation pétrolière ne les sauvera pas. Elle les condamne », alerte Babawale Obayanju

Une alternative existe : transition juste et renouvelable. Selon le rapport The Sky’s Limit Africa, l’exploitation fossile a creusé les inégalités et renforcé la corruption, tout en privant les communautés de leurs richesses. Pour Babawale Obayanju, « continuer à miser sur les énergies fossiles, c’est construire des actifs échoués dans un monde qui change. Il est temps d’investir dans les énergies renouvelables, locales et décentralisées, qui créent plus d’emplois et respectent la vie ».

Appel à l’action internationale

Face à cette situation, Oil Change International et ses partenaires demandent :

1. Un moratoire immédiat sur les nouveaux projets pétroliers et gaziers en RDC ;

2. Des protections juridiques fortes pour les communautés autochtones et locales ;

3. Un financement climatique pour soutenir une transition énergétique juste ;

4. La responsabilisation des entreprises impliquées dans les destructions environnementales et les conflits.


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