Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a publié son rapport humanitaire du mois de juin 2025, mettant en lumière la détérioration continue de la situation dans la province de l’Ituri, à l’est de la République démocratique du Congo.
Retour fragile à Mahagi : une précarité persistante
Dans le territoire de Mahagi, plus de 24 000 personnes déplacées internes sont retournées entre janvier et mars dans leurs villages, notamment dans les aires de santé de Yilo (zone de santé d’Aungba) et Ndara Muswa (zone de santé d’Angumu). Ce retour est attribué à une amélioration relative de la sécurité, grâce à une présence accrue des Forces armées et à des campagnes de sensibilisation au retour conduites par les autorités locales et les leaders communautaires. Cependant, ces populations retournées vivent actuellement dans une extrême précarité. Le rapport de l’OCHA souligne des besoins humanitaires urgents : accès à la nourriture, soins de santé, abris d’urgence, articles ménagers essentiels, eau potable, hygiène et assainissement.
Zone délaissée par les ONG
Depuis fin décembre 2024, cinq ONG se sont retirées de la zone de santé d’Aungba, faute de financements suffisants. Aucun projet humanitaire actif ne couvre actuellement cette zone, laissant les populations sans assistance. Au 30 juin, Mahagi comptait plus de 49 600 retournés et 378 000 personnes déplacées, selon la Commission Mouvement de Population.
Mambasa : pillages des structures de santé par les ADF
Le rapport de l’OCHA revient aussi sur les violences armées persistantes dans le territoire de Mambasa. Le 26 juin, des hommes armés présumés membres des ADF (Forces démocratiques alliées) ont attaqué la localité d’Elake Centre, dans la zone de santé de Lolwa. Bilan : deux postes de santé, quatre pharmacies, un dépôt médical et des stocks d’intrants nutritionnels pillés. Des civils ont été contraints de transporter les biens volés. Ces actes compromettent la prise en charge de 347 enfants atteints de malnutrition aiguë. Le matériel pillé avait été récemment livré par un partenaire humanitaire local, avec l’appui de l’UNICEF et du PAM.
Des violences meurtrières dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa
La situation sécuritaire dans d’autres parties de l’Ituri reste alarmante. Depuis le début de l’année 2025, près de 100 000 personnes ont été déplacées à la suite de violences armées dans les territoires de Djugu, Irumu et Mambasa. Selon un précédent rapport d’OCHA publié en mars, 205 civils ont été tués lors des deux premiers mois de l’année, dont la moitié en février. Ces attaques touchent particulièrement les femmes et les enfants. Dans le territoire d’Irumu, au moins 45 civils ont été tués en février dans des attaques menées sur l’axe Komanda-Luna par des éléments présumés des ADF. La dégradation sécuritaire a provoqué la fermeture de 78 écoles dans les zones de santé de Fataki et Drodro, affectant l’éducation de 30 000 enfants.
Une urgence humanitaire multisectorielle
OCHA tire la sonnette d’alarme : les violences armées, la précarité des retournés et le retrait de plusieurs ONG aggravent la crise humanitaire en Ituri. L’organisation appelle à un soutien international renforcé pour répondre aux multiples besoins de la population et éviter une dégradation supplémentaire.