La deuxième journée du colloque international sur la reconnaissance des génocides en République Démocratique du Congo a été marquée par une intensité intellectuelle et émotionnelle forte, avec la poursuite des panels déjà entamés et l’ouverture de nouveaux espaces de réflexion. Le Panel 1 a approfondi le concept émergent de Genocost dans le champ de la justice pénale internationale. Les discussions ont porté sur la tentative de qualification des crimes de 1996-1997, l’émergence d’une génocostologie, le rôle stratégique des frontières comme lieux de prédation identitaire et économique, ainsi que les débats autour de la notion de « groupe protégé » dans le contexte congolais.
Le Panel 3 a poursuivi la réflexion sur les enjeux liés à la reconnaissance officielle du génocide, en analysant les effets des politiques publiques récentes, le poids persistant du déni régionalisé face aux crimes de masse, et l’obligation morale et juridique de reconnaissance comme levier de prévention internationale.
Le Panel 5 s’est penché sur des massacres encore peu documentés notamment ceux visant les communautés Nyindu, Bahunde et dans la région de la Tshopo. Il a aussi été question de la criminalisation des violences sexuelles utilisées comme armes génocidaires, ainsi que de la nécessité de rendre visibles les formes de résilience post-traumatique chez les victimes. Quant au Panel 6, il s’est concentré sur l’élément intentionnel du génocide et les outils de preuve mobilisables. Les échanges ont porté sur l’usage des données numériques comme moyens de démonstration, la destruction systématique du système éducatif comme stratégie d’annihilation, et les logiques d’extermination ciblée, notamment à l’encontre des Hutu congolais.
Cette deuxième journée, dense et transversale, a illustré la complémentarité des approches juridiques, historiques, mémorielles et technologiques, portées par une volonté commune : documenter, qualifier et faire reconnaître les crimes de masse perpétrés en RDC.
Mutabesha Banywesize Sardou-Michel