Résumé
Cet étude examine le recours à la justice transactionnelle comme mécanisme réparateur pour les enfants privés de leur droit à l’éducation dans l’Est de la RDC entre 2021 et 2025. Face aux destructions d’écoles, déplacements massifs et enrôlement des mineurs dans des groupes armés, l’organisation Paix Seulement se positionne comme un acteur de référence dans la mise en place de solutions transactionnelles. L’analyse adopte une perspective sociologico-juridique, anthropologique et internationale, afin de mettre en lumière la manière dont la justice transitionnelle peut contribuer à la réparation, à la reconnaissance des responsabilités et à la réintégration sociale des enfants victimes.
Contexte géographique et conflictuel (2021–2025)
Nord-Kivu et Sud-Kivu : expansion du M23 et affrontements récurrents provoquant la fermeture de centaines d’écoles.
Ituri : violences persistantes des ADF et CODECO entraînant des vagues massives de déplacements.
Plus de 1,8 million d’enfants privés d’éducation dans l’Est de la RDC en 2025.
Statistique chiffrée (2021–2025)
6,5 millions de déplacés, dont 2,6 millions d’enfants.
En décembre 2024 : 465 000 enfants déscolarisés → février 2025 : 795 000 (Nord- et Sud-Kivu).
En Ituri : 130 000 enfants supplémentaires privés d’école en 2025, portant le total provincial à 1,3 million.
Hausse de 32 % des violations graves contre les enfants (2024–2025).
L’approche sociologico-juridique, anthropologique et internationale de la justice transitionnelle
La justice transitionnelle, appliquée au cas des enfants dans l’Est de la RDC, ne peut se limiter à une perspective purement répressive. Elle doit s’articuler autour de plusieurs axes complémentaires :
1. Rétablissement des responsabilités des auteurs
Identifier et documenter les acteurs (groupes armés, responsables militaires, autorités complices) ayant détruit les écoles, déplacé les familles ou enrôlé les enfants. Promouvoir une responsabilisation individuelle et collective, au-delà des sanctions pénales classiques, afin de restaurer la confiance sociale.
2. Répartition et reconnaissance des causes des préjudices
Examiner les multiples causes qui ont conduit à la privation éducative : destruction volontaire d’infrastructures, pauvreté accentuée par les déplacements, enrôlement forcé.
Reconnaître publiquement les souffrances des enfants, afin que la mémoire collective intègre leur victimisation comme une injustice historique.
3. Approche sociologique
Comprendre l’impact des conflits sur la structure familiale et communautaire.
Analyser comment la perte de l’école modifie les trajectoires sociales et favorise le cycle de violence intergénérationnelle.
4. Approche anthropologique
Étudier le rôle des coutumes locales dans la réintégration des enfants ex-combattants.
Mettre en valeur les mécanismes communautaires traditionnels de réparation et de médiation.
5. Approche juridique et internationale
Inscrire la justice transactionnelle dans le cadre normatif international : Convention relative aux droits de l’enfant (1989), Protocole facultatif sur l’implication des enfants dans les conflits armés (2000), Principes de Paris (2007). Établir des synergies entre les juridictions nationales, la CPI et les mécanismes communautaires. Favoriser des réparations effectives : accès à l’éducation, programmes de réinsertion, appui psychosocial et indemnisation symbolique.
Résultats et discussion
La justice transactionnelle, envisagée dans une perspective pluridimensionnelle, constitue un instrument à la fois juridique, social et culturel. Elle permet :
de responsabiliser les auteurs des violations ; de rendre visible les souffrances des enfants victimes ; de restaurer les trajectoires sociales par l’éducation et la réinsertion ; de mobiliser les références culturelles locales en dialogue avec le droit international.
Conclusion
Entre 2021 et 2025, la privation du droit à l’éducation dans l’Est de la RDC atteint une ampleur critique. L’adoption d’une justice transitionnelle, intégrant une approche sociologico-juridique, anthropologique et internationale, est indispensable pour répondre à la complexité des atteintes subies par les enfants. L’expérience de Paix Seulement démontre que seule une démarche alliant responsabilité, réparation et réintégration peut constituer un socle durable pour la paix et la reconstruction sociale.
Biographie de l’organisation Paix Seulement
Fondée au début des années 2022 à l’Est de la RDC, la structure de défense Paixseulement est une organisation de droit congolais œuvrant pour la paix, la sécurité, la bonne gouvernance et la protection des droits humains. Active dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, elle intervient principalement dans :
la protection des enfants et la lutte contre l’enrôlement forcé ; la reconstruction d’écoles et le soutien à l’éducation en zones de conflit ; la promotion de la justice transactionnelle adaptée aux réalités locales ; le plaidoyer national et international en faveur des droits des victimes.
Par ses actions, l’organisation Paixseulement s’impose comme l’un des acteurs centraux dans la consolidation de la paix en RDC et dans la défense des droits fondamentaux des enfants.