Quinze ans après sa publication, le Rapport du Projet Mapping des Nations Unies refait surface à travers un ouvrage signé par Jordan Lukatula, humanitaire et expert en gouvernance. Ce livre relance un débat crucial : la mémoire et la justice peuvent-elles ouvrir la voie à une paix durable en République Démocratique du Congo (RDC) ?
Un pays piégé dans un cycle de violences
Depuis plus de deux décennies, la RDC est le théâtre de conflits armés récurrents, de crimes de masse et de violations graves du droit humanitaire. Accords de paix de Lusaka, Sun City, Addis-Abeba, interventions militaires, programmes de désarmement et sanctions internationales : toutes ces initiatives ont échoué à stabiliser durablement le pays. Résultat : des millions de victimes et une crise que certains qualifient de plus dramatique depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Rapport Mapping, un document fondateur
Publié en octobre 2010 par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, le Rapport Mapping recense plus de 600 violations graves commises en RDC entre 1993 et 2003. Au-delà de l’inventaire, il recommande la mise en place d’un mécanisme global de justice transitionnelle et de profondes réformes institutionnelles pour briser le cycle de l’impunité.
Un diagnostic sévère
Dans son analyse, Jordan Lukatula passe en revue les principaux outils de résolution de conflit traditionnellement utilisés en RDC :
recours à la force militaire et aux contingents étrangers, sanctions internationales, négociations politiques, programmes de désarmement et réinsertion.
Son constat est sans appel : ces mécanismes se heurtent à de failles structurelles – faiblesse militaire, institutions fragiles, manque de volonté politique, corruption systémique – qui rendent impossible un règlement durable du conflit.
Justice transitionnelle et refonte institutionnelle
L’auteur soutient que la sortie de crise passe nécessairement par la voie de la justice transitionnelle, assortie d’une reconstruction en profondeur du système politique et institutionnel. Inspiré par la philosophie des Lumières, il dénonce le culte de la personnalité présidentielle et le rôle marginal du Parlement, réduit selon lui à une simple chambre d’enregistrement.
« Seule une transformation radicale de l’État congolais peut garantir la non-répétition des atrocités et ouvrir la voie à une paix durable », écrit Lukatula, qui voit dans le Rapport Mapping un véritable repère oublié mais toujours actualisé
Publié aux Éditions L’Harmattan à Paris, l’ouvrage est disponible en France, à Kinshasa, ainsi qu’en ligne. Pour son auteur, il s’agit moins d’un retour sur le passé que d’un appel à réinventer l’avenir de la RDC à la lumière des leçons du Mapping.
Cito BARHADOSANYA