À l’heure où le monde célèbre les 130 ans du cinéma, les cinéastes du Sud-Kivu réduits au silence par la guerre

À l’heure où le monde célèbre les 130 ans du cinéma, les cinéastes du Sud-Kivu réduits au silence par la guerre
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 Alors que l’univers artistique mondial rend hommage au 7ᵉ art à l’occasion de son 130ᵉ anniversaire ce 07 Avril 2025, à l’Est de la République démocratique du Congo, les cinéastes du Sud-Kivu vivent une tout autre réalité : le silence, la peur et la paralysie.

Lavie Rock, réalisateur, acteur, scénariste, metteur en scène et cofondateur du collectif CINEBUK (Cinéma de Bukavu), tire la sonnette d’alarme. Fondateur de l’académie IGC FILMS BUKAVU, il déplore une situation critique pour les professionnels du cinéma dans cette région marquée par des conflits armés : « Les cinéastes n’osent plus tourner, ni même se réunir pour créer. La peur de représailles ou d’être poursuivis à cause des équipements qu’ils utilisent freine toute activité. »

Les maisons de spectacle et centres culturels sont fermés, forçant certains à continuer leurs projets dans la clandestinité. « Le cinéma, c’est la liberté de créer, de rêver, de raconter. Mais comment faire quand tourner en extérieur devient un risque ? », s’interroge Lavie Rock.

Cette crise freine non seulement la production de films, mais met aussi à l’arrêt plusieurs projets prometteurs, dont la première série originale produite localement par CINEBUK. Pourtant, l’élan ne s’éteint pas totalement. Lavie Rock encourage les cinéastes à écrire, préparer l’après-guerre : « Il faut profiter de ce temps pour écrire, affiner les scénarios. La lumière reviendra. »

Il en appelle également à la population du Sud-Kivu : « Soutenez les œuvres déjà produites localement. Notre cinéma a besoin d’un public engagé, même en période trouble. »

Au-delà de l’insécurité, d’autres défis freinent l’émergence du 7ᵉ art dans la région : l’absence d’une industrie cinématographique structurée, le manque de distributeurs, l’absence d’émetteurs audiovisuels, sans oublier la pauvreté qui mine le secteur dans les deux Kivu.

Face à ce tableau sombre, Lavie Rock lance un appel aux autorités : « Le cinéma est plus qu’un art. C’est un miroir, un espace d’expression pour dire ce que vivent les populations de l’Est. Il est temps de le soutenir. »

Mutabesha Banywesize Sardou-Michel


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2 Comments

  1. Lavie Rock

    Bonne chose. Nous vous en sommes reconnaissants.

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