Le communiqué officiel de l’AFC/M23 du 22 février 2025 suscite plusieurs interrogations quant à ses réelles intentions. Voici les points essentiels de l’analyse de Christian Malaika, partisan de la paix et expert en résolution des conflits et en médiation DDR interne dans la région des grands lacs
1. Un cessez-le-feu unilatéral à double tranchant
L’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral et du repositionnement des forces du M23 peut être perçue comme un effort de communication visant à redorer l’image du groupe. Toutefois, le fait que cette trêve ne soit pas réciproque pose la question de sa viabilité. Le gouvernement pourrait y voir une manœuvre tactique permettant au M23 de se réorganiser avant une éventuelle reprise des combats.
2. Un appel à la protection des civils qui interroge
En exhortant la population locale et les leaders communautaires à garantir la sécurité des civils, l’AFC/M23 semble vouloir transférer cette responsabilité aux acteurs locaux. Cette approche pourrait être interprétée comme un aveu d’incapacité à assurer une réelle protection ou comme une justification anticipée en cas de nouvelles violences.
3. Un engagement politique sous conditions
Le groupe rebelle affirme vouloir privilégier une solution politique au conflit. Cependant, cette déclaration peut être perçue comme un moyen de renforcer sa légitimité plutôt qu’une véritable volonté de paix. Le fait que cet engagement dépende de certains avantages militaires ou politiques laisse planer le doute sur la sincérité du M23.
4. Une conditionnalité qui maintient la pression
L’AFC/M23 prévient qu’il pourrait revenir sur sa décision en cas de « provocation » ou d’attaques contre ses positions. Ce message peut être interprété comme une menace implicite visant à maintenir une pression constante sur le gouvernement tout en laissant ouverte la possibilité de violer le cessez-le-feu sous prétexte de représailles.
Le retrait à Walikale-Centre :Une démarche calculée du M23
Ce communiqué apparaît comme un geste stratégique visant à renforcer la position du M23 tout en exerçant une pression sur le gouvernement congolais. Bien que le groupe affirme vouloir favoriser la paix, les conditions et avertissements qu’il pose suggèrent que son engagement reste largement conditionné par des considérations militaires et politiques. Cela complique toute perspective de dialogue réellement constructif.
La rédaction