Originaire de Birava, village situé au nord de Bukavu, Asaph Andema Nambibi, connu sous le nom d’El-Poèta, s’impose comme l’une des voix montantes du slam du Sud-Kivu. Écrivain, poète et slameur, il se sert des mots comme des armes pacifiques, avec une intensité rare.
« L’écriture est ma maison, le slam est ma voix. Sans eux, nous serions un silence oublié. » — El-Poèta
Passionné de mots depuis l’enfance, c’est sur les bancs du collège qu’il découvre le slam et en fait sa langue d’expression. Très vite, sa parole résonne, touche, interpelle. Le jeune artiste fascine par la force de sa plume et l’authenticité de sa présence. En 2022, une fois son diplôme d’État obtenu, il fait un choix décisif : celui de se consacrer entièrement à son art. Il affine alors son style à travers divers ateliers d’écriture et de formations, affirmant peu à peu sa voix singulière.
« Écrire, c’est exister autrement. C’est crier sans bruit, c’est respirer sans air. » El-Poèta
Dans une région marquée par les conflits et les blessures de l’histoire, El-Poèta transforme la douleur en poésie. Son slam, profondément engagé, devient un espace de mémoire, un cri de justice, une parole pour les sans-voix. Il y aborde des thèmes tels que la gouvernance, la dignité humaine, mais aussi l’amour, la foi, et le quotidien.
« Le monde nous brise, mais nous écrivons. L’Histoire nous oublie, mais nous la slamons. » — El-Poèta
Actif au sein des collectifs Passe-moi L’mike et Bukavu Kwetu Slam. Sa poésie résonne bien au-delà des frontières locales.
En 2023, il franchit une étape importante : la publication de son premier recueil, Paroles du Cœur, un livre de 27 poèmes d’une sincérité vibrante, qui explore les émotions humaines avec justesse et intensité.
« L’amour n’a pas de mots, alors j’écris. La douleur n’a pas de visage, alors je slame. » — El-Poèta
Certaines de ses créations sont même disponibles sur sa chaîne YouTube : Paroles du Cœur, Aux dirigeants et dirigés, Je te retrouverai… autant de titres qui témoignent de sa démarche artistique à la fois intime et engagée. Dans Je suis la voix, un de ses slams emblématiques, il déclare :
« Je suis la voix qu’on cherche à éteindre, Le cri d’une terre qu’on veut oublier. Je suis les rues sans lumière, Mais je slame pour éclairer[…]
Avec ses mots, El-Poèta ne cherche pas seulement à émouvoir. Il veut éveiller. Il veut faire exister autrement.
« L’encre est mon sang. Mes phrases sont des cicatrices. Mes slams font la renaissance. » El-Poèta
Mutabesha Banywesize Sardou-Michel