Dans l’Est de la République démocratique du Congo, de nombreux jeunes se retrouvent exclus des opportunités internationales en raison d’un système administratif jugé injuste. À Bukavu, Goma ou encore Uvira, l’obtention d’un passeport relève aujourd’hui du parcours du combattant.
> « On nous demande d’aller à Kinshasa pour obtenir un passeport. Mais pour s’y rendre, il faut… déjà un passeport. »
Cette phrase, aussi absurde qu’elle puisse paraître, résume la situation vécue par une grande partie de la jeunesse du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. Les documents d’état civil délivrés localement sont souvent rejetés au motif que ces zones sont dites « occupées ». Conséquence : les jeunes doivent se rendre dans la capitale pour initier une demande de passeport une exigence quasi impossible à satisfaire pour ceux qui n’ont justement aucun document de voyage valide.
Une jeunesse enfermée derrière des barrières invisibles
Le résultat est une forme de mise à l’écart silencieuse : des projets abandonnés, des bourses inaccessibles, des conférences internationales sans représentation de l’Est, et un profond sentiment d’injustice. Pour Sarah Ndebo, jeune engagée du Sud-Kivu, cette situation constitue une double peine :
« Nous ne demandons pas des privilèges, mais simplement le droit d’exister comme citoyens à part entière, d’avoir accès aux mêmes droits que les autres Congolais, notamment celui de circuler librement. »
Une génération bloquée
Alors que les opportunités internationales dans les domaines de l’éducation, de la culture, de la technologie ou du plaidoyer se multiplient, une partie de la jeunesse congolaise reste enfermée dans un isolement administratif arbitraire. Beaucoup sont qualifiés, innovants, prêts à représenter leur région au-delà des frontières. Mais ils se heurtent à une réalité bureaucratique qui les condamne au silence. Les appels à la réforme du système administratif, notamment à l’ouverture de centres de délivrance de passeports dans les provinces de l’Est, se multiplient. Les jeunes réclament simplement que leurs droits soient respectés, comme ceux de tout autre citoyen congolais.
Une question de justice
Ce combat, porté par des figures comme Sarah Ndebo, ne concerne pas que des papiers. Il interroge la place de toute une jeunesse dans le récit national. Face à cet injustice, les jeunes interrogent le gouvernement congolais :
« que prévoyez-vous pour nous, jeunes des zones en conflit, qui refusons de rester enfermés dans l’abandon et le silence ? »