Justice transitionnelle en RDC : entre bilan critique et alternatives portées par la société civile approche du professeur Pierrot Chambu

Justice transitionnelle en RDC : entre bilan critique et alternatives portées par la société civile approche du professeur Pierrot Chambu
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Alors que la République démocratique du Congo (RDC) continue de faire face aux séquelles d’un long cycle de violences, le mécanisme de justice transitionnelle (JT) mis en place peine à répondre aux attentes des victimes. Lors d’un séminaire organisé dans le mois d’Avril au sein de l’Institut Egmont à Bruxelles, le Professeur Pierrot Chambu a livré une analyse lucide et structurée sur les failles du dispositif actuel, tout en mettant en lumière les alternatives proposées par la société civile.

Une justice monolithique et inefficace

Dans sa présentation en trois temps – rétrospectif, critique et prospectif – le Prof. Chambu, doyen honoraire de la Faculté de droit de l’Université Officielle de Bukavu et membre du Centre d’Excellence Denis Mukwege, a dressé un tableau sans complaisance du processus de JT en RDC. « Trop souvent, la justice transitionnelle dans notre pays a été conçue de manière descendante, sans réelle inclusion des victimes ni adaptation aux réalités locales », a-t-il déclaré. Selon lui, cette approche a contribué à entretenir un cycle vicieux d’impunité et à nourrir des frustrations, parfois sources de nouveaux conflits.

Un rôle croissant de la société civile

Face aux limites de l’État, la société civile congolaise développe depuis plusieurs années des approches alternatives, plus inclusives et enracinées dans les communautés. Ces initiatives visent à accompagner les victimes, notamment de violences sexuelles, dans leur quête de vérité, de réparation et de reconnaissance. Pour le Professeur Chambu, ces dynamiques méritent d’être intégrées dans toute politique de JT efficace et légitime. « Une justice transitionnelle pertinente en RDC ne peut se faire sans l’écoute active des communautés et la valorisation de leurs expériences », insiste-t-il.

Penser l’avenir : vers une justice sur mesure

Dans la dernière partie de son intervention, le professeur a proposé plusieurs pistes pour une réforme en profondeur : création de mécanismes hybrides ancrés localement, renforcement des capacités des acteurs communautaires, et mise en réseau des initiatives civiles existantes. Il appelle aussi à une meilleure coordination entre les institutions nationales et les partenaires internationaux.

Organisé dans le cadre du projet VLIR-UOS TEAM « Résilience sociale après violences sexuelles à l’Est de la RDC », ce séminaire met en lumière l’urgence de repenser la justice transitionnelle en RDC, au-delà des schémas classiques. Une démarche essentielle pour espérer un jour tourner la page des violences et bâtir une paix durable.

Mutabesha Banywesize Sardou-Michel


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