Depuis l’occupation de certains territoires du Nord-Kivu par les M23 et la disparition des dispositifs de protection des femmes laisse place à une recrudescence alarmante de violences sexuelles. En juillet, treize femmes ont été violées à Bashu, dans le territoire de Beni. Des militaires FARDC sont parmi les suspects.
Une vague de viols dans le silence
Treize femmes ont été victimes de violences sexuelles en l’espace de quelques semaines, dans la chefferie de Bashu, localité de Butuhe, groupement de Malio, au Nord-Kivu. Ces crimes sont survenus en juillet 2025, dans un climat sécuritaire tendu depuis l’arrivée au pouvoir de nouvelles autorités à Goma, en janvier. L’information a été rapportée par Radio Okapi, qui cite des sources locales pointant la responsabilité d’hommes en uniforme, dont des éléments des FARDC et des membres de groupes armés actifs dans la région.
Un cas emblématique : une mineure agressée par un soldat
Le cas le plus récent, documenté par l’organisation Justice pour Tous Bashu, concerne une jeune fille de 15 ans, violée le 24 juillet par un militaire FARDC affecté au camp de Butuhe. Ces faits provoquent une vive indignation au sein de la société civile locale. Maombi Kahongya, président de la société civile de la chefferie des Bashu, condamne sans ambages :
> « Nous demandons aux autorités judiciaires et aux organisations de défense des droits humains de prendre cette affaire en main. Le militaire impliqué doit répondre de ses actes devant la justice. Ce comportement est inacceptable et doit être sévèrement sanctionné. »
L’armée promet une enquête, mais reste flou
Contacté par Radio Okapi, le lieutenant Marc Elongo, porte-parole du secteur opérationnel Sokola 1 Grand Nord des FARDC, a affirmé ne pas avoir été officiellement informé des faits. Il a toutefois promis l’ouverture d’une enquête interne, rappelant que les FARDC appliquent une politique de tolérance zéro face aux violences sexuelles.
Une protection absente, des survivantes oubliées
Depuis le basculement du pouvoir à Goma, les structures de prise en charge – cliniques juridiques, cellules de soutien psychosocial, dispositifs d’accompagnement judiciaire – sont en veille ou inexistantes dans plusieurs zones rurales du Nord-Kivu. Les organisations locales et les leaders communautaires réclament un appui accru des partenaires humanitaires et la réactivation urgente des mécanismes de protection.
Impunité persistante, justice attendue
La multiplication des cas de viols dans un contexte de silence institutionnel pose une question centrale : qui protège encore les femmes dans les zones sensibles ? Alors que les responsabilités sont diluées entre groupes armés et forces régulières, l’impunité demeure la norme.
Signalons qu’à Bashu comme ailleurs, les survivantes attendent des réponses, des soins et surtout de la justice.
La rédaction